Le premier bloc de la version publique d’Ethereum fut miné le 30 juillet 2015, il y a un peu plus de trois ans. Depuis, contredisant les prédictions des oiseaux de mauvaise augure, le protocole ne s’est jamais arrêté. Ces trois années n’ont pas été de tout repos, loin de là. Ethereum a vécu de nombreux événements, parfois traumatisants, parfois enthousiasmants. Des attaques, des piratages de smart-contracts, des hard forks en urgence ou planifiés… et un développement parfois peu lisible. mais jamais la vision initiale d’une monnaie programmable et d’un monde plus décentralisé ne s’est perdue. Les objectifs que la Fondation s’étaient fixés à la création sont toujours ceux qu’elle poursuit aujourd’hui.

Pour être honnête, les promesses du départ se font attendre. Le sharding et le protocole en preuve d’enjeu Casper, récemment fusionnés en Shasper, ne devraient pas arriver avant 2019 au plus tôt – dans l’intervalle la blockchain reste lente, coûteuse et énergivore. La gestion de l’identité sur blockchain n’existe pas. Il est encore difficile d’acquérir des ether pour utiliser une dApp, encore plus difficile d’acquérir des tokens. La « hype » aux ICO de l’année dernière a fait des dégâts en terme d’image, entre arnaques, projets trop ambitieux ou simplement tokens mal pensés. La mise à jour Metropolis qui devait être l’ouverture de la blockchain au grand public ne contient finalement « que » des améliorations de protocole critiques et a la seconde partie, initialement attendue pour janvier 2018, sera au mieux déployée en octobre. Bref, tout s’est avéré plus compliqué que prévu et il est normal que beaucoup aient perdu confiance au projet.

Et pourtant, beaucoup de choses ont changé depuis le lancement. La Fondation s’est professionnalisée, avec notamment la nomination de Aya Miyaguchi comme directrice exécutive en février dernier. D’autres acteurs fondamentaux sont apparus ; grâce notamment aux montants que la Fondation attribue à des acteurs privés et à l’Ethereum Community Fund qui joue le même rôle, de nombreuses équipes travaillent aujourd’hui sur le futur du protocole.

A ceci s’ajoutent de nombreux acteurs privés qui se sont créés et ont contribué, contribuent aujourd’hui, à la croissance et aux progrès du réseau au sens large, au delà du protocole. Citons en vrac Parity, ConsenSys, MyCryptoEtherscan, State of the dApps, Infura, MetaMask, Truffle, Cipher, Status, Embark, etc. Ces outils permettent aux premières dApps d’émerger. Nous sommes loin encore d’une adoption grand public – et même d’une adoption du monde crypto. Mais AirSwap, IDEX, Augur, OmiseGo, CryptoKitties, Maker, Decentraland et bien d’autres ont tous lancé leurs applications, avec plus ou moins de traction. Il est probable que celles-ci payent les pots cassés des prochains – ou de leurs propres version 2 – qui vont bénéficier de leurs expériences.

La route est encore longue. Mais Ethereum compte aujourd’hui et de loin la plus importante communauté de développeurs blockchain, que ce soit sur le protocole ou sur les applications. Près de 1800 dapps sont recensée à ce jour sur State of the Dapps. MetaMask a été téléchargé plus d’un million de fois. 82 % des ICO se réalisent sur Ethereum et l’essentiel des projets financés sont prévus pour cette plateforme. Infura traite 6 milliards de requêtes par jour. Des hackathons spécialisés (https://ethglobal.co/) sont organisés dans le monde entier tous les mois. Les communautés locales ne sont pas en reste : l’Asseth notamment compte plus de 300 membres actifs et organise des conférences, réunions… et d’autres surprises à venir.

Finissons sur une anecdote : le meme le plus suivi dans la communauté n’est pas HODL (conserver ses cryptomonnaies), mais BUIDL : l’idée que tout reste à construire mais que la communauté de créateurs, développeurs, entrepreneurs qui a été créée autour du projet est le meilleur gage de son futur succès.

Je souhaite donc à Ethereum et sa communauté un excellent anniversaire !